Dossier n° 5
Histoire orale en Belgique : conclusions et recommandations par Nico Wouters (CEGESOMA)

Ce document contient les principales recommandations se rapportant aux trois principaux problèmes identifiés à l'issue d'une enquête menée par le CEGESOMA sur les projets d'histoire orale en Belgique.
L'auteur

Nico Wouters est docteur en histoire contemporaine (UGent)
et responsable du secteur "Activités Académiques" au CEGESOMA.


Histoire orale en Belgique : conclusions et recommandations

Le 18 novembre 2011, le CEGESOMA a organisé une journée d'études consacrée à l'histoire orale en Belgique. Dans le prolongement de cet événement, une enquête a été menée sur les projets d'histoire orale menés en Belgique entre 2004 et 2012. Cette enquête a rassemblé des informations autour de 150 projets différents. Les résultats de la journée d'étude et de l'enquête ont fait l'objet d'un rapport (principalement en néerlandais) qui peut être téléchargé en ligne sur la page Web suivante :

www.cegesoma.be/cms/activ_scientif_fr.php?article=2116


Ce document contient les principales recommandations se rapportant aux trois principaux problèmes ou points faibles identifiés à l'issue de l'enquête.

Une première remarque : bien que le champ de l'histoire orale en Belgique soit aujourd'hui hétérogène et fragmenté (tant en matière de contenu que d'approche), il apparaît clairement qu'au cours des 10-15 dernières années, une professionnalisation s'est mise en place au niveau méthodologique. Sur le terrain des pratiques locales, une conscience générale s'est développée quant aux indispensables conditions scientifiques devant accompagner la méthode spécifique de l'histoire orale, qu'il s'agisse de préparation de l'interview, des documents annexes (contrat, retranscription, etc.) ou de la mise à disposition des sources. Cette professionnalisation méthodologique résulte de l'importante synergie qui s'est développée entre les bénévoles et les professionnels ; entre les acteurs académiques et le terrain local : il semble bien que ce soit une caractéristique du champ de l'histoire orale.

Recommandation 1 : un planning à long terme qui transcende la courte phase du projet en matière de disponibilité des sources
La majorité des sources orales en Belgique naissent dans le cadre d'un projet concret. Il s'agit souvent d'une production publique (un livre, une exposition, un DVD, etc.). Le risque est grand qu'à l'issue du projet, les sources orales collectées restent insuffisamment disponibles, voire qu'elles disparaissent totalement. Il est nécessaire que l'on prenne davantage conscience de la valeur à long terme des sources orales, valeur qui dépasse largement l'échéance du projet initial. Tout planning de projet devrait donc prévoir dès le départ les étapes concrètes en vue d'assurer la disponibilité des sources orales une fois le projet réalisé.

Recommandation 2 : la création de conditions financières et méthodologiques pour une meilleure retranscription des sources orales
La plupart des recherches sur les sources orales se déroule encore sur base de documents écrits. La retranscription (partielle ou thématique) de sources orales reste cependant un des point faibles essentiels (tant pour les “petits” acteurs que pour les institutions plus importantes). Deux solutions permettraient de résoudre ce problème : 1° prévoir systématiquement un pourcentage minime du budget du projet pour la retranscription ; 2° développer des méthodes standards facilement accessibles, rapides et dirigées vers le public (ou la recherche) pour la retranscription partielle et thématique des sources orales, couplées aux nouvelles techniques digitales.

Recommandation 3 : la revalorisation des sources orales en Belgique pour la recherche historique en faveur de la mémoire collective
Il existe un grand décalage en Belgique entre, d'une part, le succès de l'histoire orale (et donc l'énorme développement quantitatif des sources orales) et, d'autre part, l'utilisation minime de ces sources au niveau scientifique. Contrairement à ce que l'on peut observer à l'étranger, l'histoire orale en Belgique reste très sous-estimée en tant que méthode de recherches de la mémoire collective. Les historiens de la mémoire et des souvenirs devraient plus systématiquement faire usage de grandes séries de sources. Ils pourraient également développer des méthodes afin d’utiliser ces sources de manière plus efficace.